Au cœur de la forêt amazonienne, perdu dans l’immensité de la Guyane française, se trouve un village que peu connaissent : Saül.
Cet ancien centre d’exploitation aurifère est aujourd’hui un havre de paix, accessible uniquement par avion. Loin des villes et des routes, Saül vit en autarcie, au rythme de la nature.
Un village au bout du monde
Saül est situé en plein cœur de la Guyane, à environ 140 km de la côte et des principales villes comme Cayenne. L’isolement du village est tel qu’il n’existe aucune route pour le rejoindre. L’accès se fait uniquement par avion, avec des vols réguliers mais limités depuis Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni. Ce manque de connectivité en fait un lieu hors du temps.
Autrefois prospère, notamment au début du XXe siècle lors des ruées vers l’or, Saül a vu sa population décliner à mesure que les mines se vidaient. Bien que l’orpaillage ait été à l’origine de sa création, Saül a pris un virage radical en rejetant l’exploitation aurifère. Cette décision courageuse s’inscrit dans une volonté de préserver l’environnement exceptionnel qui entoure le village. Les habitants, conscients des dégâts irréversibles causés par cette industrie, ont dit non à l’or, préférant protéger la richesse naturelle de leur territoire, un trésor bien plus précieux et durable à leurs yeux.
La vie quotidienne à Saül
Vivre à Saül, c’est vivre en harmonie avec la nature. Les habitants cultivent leur propre nourriture lorsqu’ils le peuvent et s’entraident pour surmonter les défis de l’isolement. Les denrées alimentaires doivent être importées, souvent par avion.
Les infrastructures sont rudimentaires : un dispensaire médical, une école à classe unique et un poste administratif gèrent les besoins essentiels de la communauté.
La commune de Saül n’étant pas connectée au réseau électrique, elle assure sa propre production d’électricité grâce à un système hybride. Celui-ci combine une cinquantaine de panneaux solaires photovoltaïques, installés devant certaines habitations, et un groupe électrogène communal qui intervient en renfort quelques heures par semaine.
L’éloignement géographique renforce les liens entre les habitants. Ici, tout le monde se connaît, et chacun joue un rôle dans la survie collective. Les voisins s’entraident pour toutes sortes de tâches.
La solidarité est un pilier fondamental car l’isolement est un défi de tous les jours. Le manque d’accès aux soins médicaux avancés est l’une des principales difficultés. Les urgences médicales nécessitent des évacuations sanitaires par avion, un processus coûteux et souvent long. De même, l’approvisionnement en biens de première nécessité est irrégulier, et les prix sont plus élevés que dans le reste du pays en raison des coûts d’acheminement.
Saül est bien plus qu’un village isolé. C’est un lieu où le temps semble s’être arrêtée, un espace de résistance face à la modernité galopante. Les habitants de Saül incarnent un mode de vie rare, tourné vers la nature, la simplicité et la solidarité. Si l’isolement impose des contraintes, il offre aussi une liberté précieuse, loin des tracas du monde extérieur. L’avenir du village repose probablement sur cette balance délicate entre tradition et ouverture à l’extérieur, pour qu’il continue d’exister tout en conservant son âme.